03/05/2013
Voté à la CP d’Avril 2013
Quelques décisions de la Commission permanente du 19 avril 2013 qui concernent le canton de Vif, en particulier.
Action Sociale
Petite enfance
Les relais assistantes maternelles : Ces structures ont pour vocation d’informer les parents devenus employeurs d’une assistante maternelle sur leurs droits et obligations. Elles rassemblent les assistantes maternelles pour partager leurs préoccupations professionnelles aussi bien sur le plan éducatifs que dans leurs relations aux parents. Elles sont un lieu de formation autant que d’information. Les RAM sont généralement gérés par les CCAS. Notre participation vient en complément de la CAF de l’Isère et les CCAS.
CCAS de Claix : 1 525 €
CCAS de Varces : 2 439 €
Culture
Soutien aux pratiques et apprentissages artistiques
Ecoles de musique : report systématique des subventions de l’année précédente
SIM Jean Viener Echirolles/Pont de Claix : 80 000 €
Espace Musical Fernand Veyret de Claix : 15 680 €
Association musicale Philippe Margue de Vif : 24 225 €
Patrimoine
Aide aux actions en direction du patrimoine historique Isérois
Les Amis de la vallée de la Gresse : 500 €
Jeunesse et sports – vie associative
Initiatives locales
Aides aux assosiations à vocation sportive, culturelle, solidarité et environnementale
Capédune : participation au raid solidaire 100% féminin CAP Fémina édition 2013 : 1000 €
Association de la Gaule de la Vallée de la Gresse : organisation d’u safari truites enfants : 400 €
Entente sportive twirling club de Claix : aide aux frais de déplacement lors de compétions : 1000 €
Aménagement du Territoire :
Prolongement de la ligne A jusqu’à Pont de Claix
Le Conseil général prend acte de cette extension qui sera de 950 mètres, de l’arrêt Delaunay à Flotibulle. Coût 30M €, le Conseil général finance 50% des investissements de la TAG. Deux stations seront créées sur ce parcours.
13:35 Publié dans 2. Le Canton de VIF-Pont de Claix | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : conseil général isère, canton de vif, brigitte périllié, petite enfance, culture, sports, social, aménagement du territoire
03/04/2013
L'enfance en Danger : mise en route d'une réforme en Isère
Depuis une dizaine de jours, les éducateurs spécialisés du département sont en émoi et s’inquiètent face à nos annonces de restructuration du dispositif de l’enfance en danger de l’Isère. Ce dispositif comprend les services de l’aide sociale à l’enfance du Conseil général (ASE), environ 25 établissements d’accueil collectif et environ 500 assistantes familiales. Ils totalisent 1300 places collectives (100 hors Isère) pour 1000 places familiales.
L’accueil collectif et l’accueil familial s’équilibrent entre 45 et 55% au profit du collectif. Nous voulons retourner cette répartition pour atteindre à moyen terme, d’ici trois ans, 60 % d’accueil familial. Pour cela 300 places (dont 100 hors Isère) seront reconverties en 300 places familiales et d’accompagnement à domicile
Pourquoi ce choix ? Pourquoi cette échéance ?
Ce choix est guidé par un projet éducatif volontariste, avec un fort sentiment que le parcours éducatif de l’enfant doit se faire le plus souvent avec les parents, que le placement hors du domicile familial doit être le dernier recours, quand tout a échoué.
Nous voulons parier qu’un renforcement conséquent des actions éducatives à domicile peut contribuer à restaurer l’autorité parentale nécessaire et en tout cas, à mieux accompagner les parents dans leurs responsabilités envers leurs enfants.
Pour autant, si cette optique vise à réduire le nombre de placements, ils ne disparaitront pas pour autant. Dans ce cas, nous voulons privilégier le placement en famille d’accueil. Le collectif devenant, non une norme, mais un temps d’évaluation de la situation et de soupape, lorsque les familles ont besoin d’être soulagées. Que ce soient les familles d’accueil comme les familles biologiques. Le placement en famille d’accueil s’entend plus volontiers sur du long terme, alors que le placement collectif doit le plus souvent s’appliquer pour de courts séjours. Le placement familial doit être privilégié pour les jeunes enfants. Ceci est évidement une généralité qu’il convient de revoir au vu de chaque cas. Ce seront les professionnels de l’ASE qui décideront et les juges, lorsque la mesure est judiciarisée.
Cette échéance est guidée par l’idée que fixer un cap à trop long terme, pour une restructuration, ne permet pas de cibler une stratégie efficace. En un mot, au-delà de cinq ans, les incertitudes l’emportent et les actions à mener pour atteindre l’objectif risquent de devenir peu palpables. Hors l’enjeu est de taille dans le contexte actuel de resserrement des crédits publics, alors que les populations fragilisées socialement croissent. Pour notre collectivité, comme pour toutes les autres, nous avons le devoir de maitriser nos coûts tout en continuant d’accompagner toutes les familles et les enfants en difficulté. Nous le ferons, mais pour cela il faut revoir nos modes d’intervention. Ce plan de redéploiement prévoit un renforcement des actions éducatives en milieu ouvert, pour entreprendre un suivi resserré des enfants et de leurs parents.
Le coût d’un enfant en établissement tourne en moyenne autour de 4 500 € par mois avec des établissements à 6 000 €, lorsqu’un accueil en famille d’accueil coûte environ 2500 € par enfant et par mois. L’accompagnement à domicile est aussi beaucoup moins coûteux et souvent moins traumatisant qu’une séparation. Chaque solution doit pouvoir s’appliquer en fonction des besoins de l’enfant et non pas par manque de solutions alternatives. C’est ce que nous visons.
Autre précision, les reconversions de places collectives en places familiales se feront au fur et à mesure de nos recrutements d’assistantes familiales. Il n’y aura aucune perte de places d’accueil.
La direction de l’insertion et de la famille y travaille chaque jour en lien avec les territoires concernés. Tous les établissements visés sont invités à nous faire des propositions de restructuration.
Je suis de près ce dossier et reste à l’écoute de tous ceux qui veulent m’interpeler sur ce sujet.
17:20 Publié dans 6. Enfance en danger | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : enfance en danger, conseil général isère, brigitte périllié
02/04/2013
Voté à la CP de Mars 2013
Quelques décisions de la Commission permanente du 22 Mars 2013 qui concernent le canton de Vif, en particulier.
Collèges
Fusion des deux collèges Moucherote et Iles de Mars à Pont de Claix
La fermeture définitive des Iles de mars est officiellement actée au 1er janvier 2013. Toutefois, les cours ont encore lieu dans les deux sites. A la demande du Rectorat, la fermeture sera effective au 1er septembre 2013.
Tarifs de la restauration scolaire :
Le tarif de base est de 3,33 €. Pour les quotients aidés les prix vont de 2,22 € à 3,17 €. Les quotients s’étalent de -400 à 1000.
Culture
Pratiques, création et diffusion artistique :
Les Inédits, St-Paul de Varces : Création 2013 « Homocordus » et « La terre dans les nuages » : 3000 € ;
Varces Animation Culture : programmation annuelle : 3000 €
Sports
Subventions diverses
Arts Martiaux, Dojo Claixois , Open Jujitsu : 300 €
Initiatives locales
Cheyenne Contry Club : participation aux compétitions de danse contry : 400 €
Entente sportive boulistes du Trièves : Organisation du grand prix bouliste du Trièves des 19 et 20 janvier 2013 : 500 €
Equipement des territoires
SIGREDA : travaux lit de la Gresse : 18 860 € et protection contre les crues : 36 760 €
Eau potable :
SIVIG : numérisation des plans et intégration SIG ; pose de 3 compteurs et matériel de recherche des fuites : 12 000 €
16:30 Publié dans 2. Le Canton de VIF-Pont de Claix | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : canton de vif, commission permanente, brigitte périllié
25/02/2013
Samedi 23 février, Sharana, réception machines
Ce matin, nous sommes allées rendre visite à Rajkala, la présidente de Sharana. Elle vient de perdre son beau-père et ne vient donc pas à l’association pendant une semaine. C’est le temps que prend la famille du défunt pour recevoir les condoléances de la part de tout l’entourage et commencer son deuil. Nous sommes venues porter des fleurs au défunt comme il se doit et, je voulais aussi parler un peu avec elle des contacts que nous pourrions avoir pour la suite. Je l’ai invitée à passer en Isère, lors de l’un de ses prochains voyages en France. Nous pourrions lui montrer et lui expliquer comment nous concevons la protection de l’enfance et l’état de nos réflexions en la matière. Je lui ai également parlé de l’invitation faite à Amala sur les violences faites aux femmes. Elle était bien sûr, d’accord, très intéressée et m’a remerciée de cette invitation.
Je n’ai peut-être pas très bien expliqué comment la coopération entre Souffle de l’Inde et Sharana s’est mise en place. Rajkala qui appartient à la bourgeoisie indienne, vit confortablement. Elle a créé Sharana, il y a quelques années pour venir en aide aux enfants défavorisés en subventionnant leurs études avec des parrainages, les nourrissant, les habillant .Elle a aussi ouvert un centre pour les enfants des rues de Pondichéry. Elle y met régulièrement ses propres finances, mais cela est loin de suffire aux besoins. Elle a donc fait appel à la générosité de nombreux donateurs, en Inde mais aussi en Europe. Pour recueillir des fonds, des Français ont créé une autre association, Sharana-France qui est basée dans la région parisienne (il y a une forte communauté française à Pondichéry). Cette association gère les parrainages de quelques 800 enfants, recueille des dons et vend les productions de Sharana (spiruline, vêtements, objets en bois du centre d’apprentissage), comme le faisait Souffle de l’Inde à Cochin. Il y aussi pas mal de volontaires qui viennent de France, donner un coup de main dans les shelters (refuges) et Day care centers.
Comme je l’ai dit précédemment, au fil du temps, les travailleurs sociaux ont réalisé que recueillir les enfants, les éduquer ne suffisait pas, si rien était fait avec les parents, notamment les mères. C’est comme cela qu’ils ont créé l’atelier de couture et de confection d’objets divers. Une autre jeune femme, Joshna, a tenté également la création d’un atelier d’insertion. Mais sans compétences suffisantes de gestion et management, elle y a englouti beaucoup d’argent. Elle a donc rejoint Sharana et obtient des petites fabrications en séries de sacs en tissus pour des magasins de Pondichéry mais aussi de Paris. Joshna est assez créatrice pour inventer de jolis objets (tongs, sandales…) et des sacs en tissu, mais l’atelier ne fonctionnait pas suffisamment. La spécialité de Sharana étant la protection de l’enfance en danger, l’accompagnement des femmes ayant de très faibles compétences restait assez difficile à assumer pour l’association.
De son côté, Josette rencontrait des difficultés à Cochin, notamment liés à la corruption de la police qui faisait peser des pressions énormes sur son atelier. Elle devait absolument faire appel à un manager – homme - pour conduire l’association indienne. Au Kérala, les femmes qui entreprennent n’ont aucune crédibilité et sont constamment inquiétées, suspectées de prostitution. Ce pays est encore sous un régime étatique très procédurier et inquisiteur. Les seules personnes sur qui elle pouvait compter, lorsqu’elle rentrait en France, étaient Giji et Shinie, pleines de bonnes volontés mais elles aussi, en manque d’autorité. Pour des raisons familiales, Josette a dû passer quelques semaines à Pondichéry et a constaté que le climat y était plus clément, plus tempéré, l’atmosphère plus aérée. Il est vrai qu’ici, une brise de mer balaye constamment le rivage. Cochin, plus au sud et sur l’autre rive de l’Inde est plus chaude, très étouffante. Josette a des problèmes de santé et voulait trouver un cadre plus « facile » pour pérenniser son action envers les veuves. C’est là qu’elle entend parler de Sharana et de son atelier de femmes. Elle prend donc contact et propose sa collaboration. Rajkala, accepte, d’autant plus qu’elle avoue bien volontiers que la direction de l’atelier est compliquée et qu’elle souhaiterait développer des compétences pour les ventes et la conduite des productions. Souffle de l’Inde et en particulier, Josette, a une solide expérience dans ce domaine. La complémentarité des rôles est trouvée. Sharana reste fixée sur l’enfance en danger, avec quand même un regard sur les mères et, Souffle de l’Inde se charge de l’atelier et des ventes. Josette installe donc une boutique solidaire à l’étage, près de l’atelier et a déposé ses prospectus dans tous les hôtels et maisons d’hôtes de Pondichéry. Les touristes, en recherche d’actions de solidarité ne manque pas de les visiter et d’acheter. Des bénévoles français sont là pour apporter leur aide, notamment pour les ventes. Josette rentre régulièrement à Grenoble, où une autre équipe de bénévoles l’aide dans des ventes dirctes de type marchés de Noël, foires et expositions en tous genres. Elle a également participé à des initiatives de type boutiques solidaires.
Mais, diriger des femmes indiennes qui n’ont jamais connu un autre travail que celui de la maison reste une gageure. Josette semble être la seule qui impose son autorité pour les faire produire en quantité et en qualité. J’ai assisté un jour à une séance de coaching, digne de la grande entreprise américaine, en plus tout en anglais, of course !
Cet après-midi, nous nous sommes rendus au Shelter, à côté d’Auroville, pour assister à la livraison de la machine à laver le linge. Les dons faits par les Isérois ont permis d’acheter en plus, une grosse machine à cuire le riz et un inverseur qui va permettre d’accumuler l’énergie quand il y a de l’électricité et de la restituer quand il y a des coupures. Celle-ci sont très nombreuses dans ce village, beaucoup plus qu’à Pondichéry.
Les enfants étaient fous de joie. Je vous rappelle que jusque-là, ils lavaient leurs vêtements à la main…
Ils nous ont faits plein de bisous, nous sont tombés dans les bras, ont dansé et nous avons partagé un instant de délice avec des ice-cream offerts par Josette!
09:21 Publié dans 3. Le Conseil général de l'Isère, 6. Enfance en danger | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : conseil général isère, souffle de l'inde, sharana, josette rey, brigitte périllié
22/02/2013
22 février - Quelques portraits des femmes de Sharana – Souffle de l’Inde.
Elles sont six femmes et deux jeunes filles à l'atelier. Quatre sont veuves, les deux autres femmes sont victimes de violences conjugales. Les deux jeunes filles ont 17 ans maintenant. Elles ont été accueillies au Shelter lorsqu’elles étaient enfants. L’une, son père est alcoolique et très violent ; il bât sa femme. Les travailleurs sociaux craignaient qu’il viole la petite et l’ont donc recueillie. L’autre n’a plus de père et la mère se prostitue. Les travailleurs sociaux pensent que s’ils la laissent rentrer chez sa mère, elle sera prostituée. Ces deux jeunes filles ne sont plus scolarisées car elles ne sont pas capables de poursuivre des études supérieures. Ils ont donc demandé à Josette de la prendre à l’atelier. Elles sont assez habiles de leurs mains et confectionnent des corbeilles en papier journal, pas mal du tout !
Les violences conjugales sont culturelles en Inde. Elles existent dans presque toutes les familles où l’homme exerce un pouvoir sans mesure sur sa femme. L’épouse doit être à son service. S’il tombe malade ou s’il meurt, c’est elle qui en assume la responsabilité. Elle est aussi son souffre-douleur quotidien. Il a pratiquement droit de vie et de mort sur elle.
Vetrikodi, a 43 ans et deux enfants, un garçon et une fille de 19 et 16 ans. Elle est veuve depuis 2 ans et demi. Elle est à Sharana depuis 3 ans. Elle est entrée quand son mari était malade.Son mari était alcoolique et la battait sans arrêt. Elle a dû aller plusieurs fois à l’hôpital à cause des blessures qu’il lui infligeait. Il faisait des petits boulots et ils n’avaient pas d’argent.
Elle est venue vivre à Pondichéry avec son mari et, quand il est mort, elle ne connaissait personne. Elle n’avait plus de parents et son frère ne voulait pas d’elle. Quand son mari est tombé malade, elle accompagnait des enfants dans les school-bus. pour arriver à vivre, elle a envoyé son fils de 13 ans travailler dans une fabrique artisanale de chaussures. Le comptable de Sharana l’a repéré et cette situation a fait réfléchir les travailleurs sociaux sur l’importance de donner un vrai travail aux mères, notamment les veuves. C’est là qu’ils ont commencé à organiser une activité pour les femmes qui soit suffisamment rémunératrice, sachant que celles-ci ont la plupart du temps, un très petit niveau. Vetrikodi est rentrée dans l’association et son fils a pu retourner en classe. Elle loue une maison et a donc un loyer à payer. Elle cuisine les repas qui sont consommés par les permanents de l’association qui restent à midi, cela lui fait un complément de revenus.
L’autre association « A way with you » qui aidait déjà des enfants des rues de Pondichéry, s’occupe du fils. Il va passer le bac l’an prochain.
Sa fille est née avec une tumeur à l’oreille et elle a été opérée à 12 ans. Elle a été prise en charge par Sharana pour l’école et par « A way with you » pour les opérations chirurgicales. Vetrikodi a encore des problèmes d’argent, mais s’en sort mieux.
Padmavathy a 34 ans, elle est séropositive et a un fils de 12 ans. Elle est veuve depuis 9 ans. Elle est native de Pondichéry mais n’a plus vraiment de famille. Elle vivait ailleurs avec son mari et elle est revenue ici quand son mari est mort. Elle vit avec sa mère et son fils. Ses deux frères sont morts et sa sœur vit très loin. Elle fait vivre les 3 personnes avec son salaire.
Padmavathy a débuté à l’atelier dès sa création, il y a trois ans. Son mari avait le sida et en est mort. Elle a un traitement préventif tous les six mois à l’hôpital. Son fils est parrainé mais pas avec Sharana.
Elle a une machine à coudre à la maison et cela lui permet de compléter ses revenus.
Sammanasumarie a 46 ans et trois filles, 21, 18 et 16 ans, on l’appelle Marie. C’est son anniversaire aujourd’hui ! Elle habite très loin dans Pondichéry et vient tous les jours à pied pour économiser le bus. Elle est en location. Elle travaille beaucoup et très bien. Sa fille ainée va devenir professeur et la deuxième va passer le bac. La dernière poursuit sa scolarisation.
Les enfants ont été parrainés par une autre association que Sharana. Marie est née dans un petit village tamoul, comme il y en a plein. Son mari était de Pondichéry. Ils sont allés vivre à Bombay car il avait trouvé une place de conducteur de travaux. Mais au bout de quelques mois, elle est revenue à Pondichéry pour faire parrainer ses enfants. Ce système de prise en charge des enfants pauvres est assez développé ici, contrairement à d’autres régions. Le mari habitait assez loin des chantiers et prenait le train tous les jours pour aller travailler. Vous l’avez sans doute déjà vu dans des documentaires, souvent les indiens se tiennent d’une main sur les marches-pieds des trains bondés. Ce qui devait arriver, arriva. Un matin, il est tombé et s’est tué. Les autorités ont mis plusieurs semaines pour retrouver Sammanasumarie. Elle n’a pu que venir chercher ses cendres. Comme elle ne savait pas où travaillait son mari, ni pour qui, elle n’a pas pu demander de l’aide à l’entreprise pour qui il travaillait. Marie n’a rien pu faire pour faire valoir ses droits.
Apparemment, le gouvernement de Pondichéry donne une pension aux veuves de 1000 roupies par mois. Elle peut la cumuler avec son salaire de Sharana ;
Marline Meera a 38 ans, 3 enfants : un garçon et deux filles de 13, 10 et 9 ans. Elle est veuve depuis 4 ans. Elle est née à Shidambaram et s’est mariée à Pondichéry. Lorsque son mari est mort, ses beaux- parents étaient déjà morts aussi. Elle est donc propriétaire de sa maison et n’a pas de loyer à payer. Son mari buvait et la battaient continuellement. Elle en garde les marques sur la tête. Il est mort de l’alcoolisme. Cela a été une libération pour elle. Ses enfants sont scolarisés et sponsorisés, mais tous sont en difficulté scolaire. Elle était servante chez des indiens qui l’exploitaient et elle n’avait pas la paie en retour. Elle a pu participer à un stage, organisé par le gouvernement de Pondichéry pour apprendre à coudre, il y a 2 ans. Elle cousait un peu chez elle pour des voisins. Elle est à Sharana depuis seulement quelques mois. C’est Marie qui lui a dit de venir.
Aujourd’hui, elle culpabilise car elle pense qu’elle a peu suivi la scolarisation de ses enfants en s’occupant de ceux des autres. Mais, avait-elle le choix ?
Elle est très contente qu’on lui pose ces questions, car c’est la première fois que quelqu’un s’intéresse à sa vie…
Toutes ces femmes ont été les premières à choisir leurs parures parmi le stock de lingerie que j’ai pu emporter dans mes bagages.
Amala Dévi a 25 ans, elle est assistante sociale à Sharana. Elle conduit une action pour des adolescentes et jeunes mères. Son propre père était alcoolique aussi et bâtait sa mère. Elle a grandi dans un contexte de violence semblable aux autres femmes, mais pas dans la pauvreté. Sa mère a eu assez d’argent pour ouvrir une boutique d’esthétique et gagnat sa vie. Amala a pu faire une grande école de commerce mais, lors de sa dernière année d’étude, elle a pensé que, compte tenu ce qu’elle avait vécu dans son enfance, elle devait faire plutôt un travail social que commercial. Sa mère n’était pas d’accord car c’est assez mal payé et c’est une jeune fille brillante. Elle n’a donc pas voulu financer ces nouvelles études. Alors, Amala a donné des cours du soir pour payer son école de formation de travail social, pendant 2 ans. Elle a accepté de travailler pour un shelter de Sharana, dans un quartier très difficile, d’abord bénévolement puis elle a été embauchée. Sa propre famille l’a mal pris car une jeune fille de bonne famille ne doit pas aller dans les quartiers difficiles et accomplir un travail où elle est amenée à faire des gardes de nuit. Sa réputation de fille pure en est finie…
Sa mère a donc voulu la marier, mais Amala a refusé pour garder son travail. Sa mère l’a alors mise dehors et, elle est allée vivre chez sa grand-mère. Amala a refusé ce mariage car elle craignait d’être à la merci de son mari et de devoir se consacrer uniquement à lui. Elle veut un mariage d’amour avec un homme qui accepte son engagement.
Elle a distribué la lingerie que j’ai apportée aux adolescentes et aux jeunes mères (de 16 à 25 ans) au « Day care center », où ces jeunes femmes peuvent venir parler de leurs problèmes tous les matins. Ceux-ci peuvent être de santé ou simplement de confiance en soi. En Inde les hommes sont des dieux et leurs enfants aussi. Les femmes doivent s’en occuper continuellement. Elles ont une très mauvaise estime d’elles même et se soignent très peu !
Suivant leur situation et leurs capacités, Amala les envoient dans d’autres associations où elles peuvent bénéficier d’actions d’insertion professionnelle.
Le gouvernement tente de parler des violences faites aux femmes, mais il y a toujours un prétexte pour retarder le lancement des actions, cela n’est pas très électoraliste… Ces violences sont ancrées de façon ancestrale dans la culture indienne. Les femmes peuvent porter plainte, mais elles ne le font pas car leur famille (parents, frères, sœurs, oncles, tantes, grands-parents…) va les rejeter.
Amala est bien sûr très mobilisée sur ce vaste problème et voudrait développer un nouveau projet pour cela, sans attendre que les pouvoirs publics fassent quelque chose. Elle s’est fixée l’objectif de réussir à monter une action, d’ici 3 ans, pour s’attaquer aux viols et aux violences faites aux femmes.
C’est un grand challenge ! Il n’empêche, que la classe moyenne qui s’élève aujourd’hui commence à s’émouvoir, surtout lorsque surgissent des viols particulièrement odieux. Hier, une petite fille de 4 ans s’est fait violée à Pondichéry, avant-hier, ailleurs, nous avons vu dans la presse que ce sont trois fillettes qui ont été violées à la sortie de l’école et qui ont été jetées dans un puits. Le fait que la presse en parle est nouveau et va peut-être aider à faire bouger les pouvoirs publics.
En entendant parler Amala sur son souhait de mieux prendre en compte ce fléau, il me vient l’idée de la faire venir à Grenoble pour lui expliquer et qu’elle voit les différentes associations qui œuvrent contre les violences faites aux femmes. L’idée lui plait bien, bien sûr, mais il faudra trouver des financements pour payer son voyage car, ni Sharana ni elle, ne peuvent assumer un tel voyage. Je fais donc un appel aux dons, si modiques soient-ils, cumulés ils pourront contribuer à ce qu’elle voit mieux ce qu’elle pourrait faire chez elle. Elle sait déjà qu’il faudra faire des actions auprès des hommes et des jeunes garçons pour qu’ils envisagent une autre posture envers leurs épouses ou futures.